Ticketac en parle
Sami Ameziane, alias le Comte de Bouderbala, est un humoriste très occupé. S'il met le feu à la scène de l'Alhambra en semaine, il embrase aussi les salles françaises le week-end. A la fois fidèle du théâtre parisien depuis plusieurs mois, et en tournée à travers l'Hexagone, cet ancien basketteur de pro B, diplômé de l'université du Connecticut (il a d'ailleurs joué au sein des Huskies),confirme chaque soir ce talent qui l'a fait devenir en quelques années l'un des piliers du stand-up français. Largement influencé par l'univers des comedy clubs new-yorkais où il s'est illustré, Sami Ameziane revendique un humour exempt de censure qui se rit de tout avec tout le monde. L'équipe de Ticketac l'a rencontré, curieuse d'en savoir plus sur son parcours exceptionnel. (Crédits photos : Julie Lacombe)
Ticketac : Vous avez un parcours très intéressant fait notamment d'allers-retours entre les Etats-Unis et la France. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cette influence américaine ?
Le Comte de Bouderbala / Sami Ameziane : J'ai fait de la scène aux Etats-Unis, mais ce n'était pas vraiment du stand-up. C'était du slam stand-up. Via le french club de l'université du Connecticut, j'avais commencé à écrire des petits textes drôles, en anglais. J'ai vraiment commencé la scène en 2003 en France avec le slam. Que des textes de dépressif, deep, lugubres, horribles. J'ai découvert le slam grâce à un pote, Jacky Ido, qui m'a emmené à la rencontre de ces types qui disent des textes, qui jouent, qui font des trucs un peu chelous ; il y a des bons, des mauvais, du très intéressant, sans musique en fond sonore. C'est là qu'on mesure la force des textes. J'ai alors commencé à écrire avec mon copain Fabien, qui deviendra Grand Corps Malade. J'étais persuadé que le slam était forcément sérieux, alors que pas du tout. J'étais plus un déconneur et j'ai bifurqué vers le stand-up, mais cette forme d'humour me semblait surtout possible aux Etats-Unis. Il faut savoir que le stand-up est typiquement français, notamment avec la société du Caveau : le Caveau de la République, le Caveau de la Huchette... C'était du café-théâtre, mais ça n'a jamais été vendu comme du stand-up : Robert Lamoureux, Francis Blanche, Pierre Dac... Les Américains y sont mieux arrivés parce qu'ils sont bons en communication.
Vous avez donc vraiment découvert le stand-up aux Etats-Unis ?
S.A. : Je suis allé là-bas pour le pratiquer devant des Américains. C'était mon challenge. J'avais déjà fait du stand-up sur la scène française, mais on avait mal compris mon histoire entre la France et les Etats-Unis, avec le basket, l'université... Les médias ont focalisé sur le rebeu de banlieue, alors que c'était un Français à l'étranger. J'ai toujours eu beaucoup de chance là-bas. Je voulais jouer au basket, j'ai réussi, alors le spectacle était aussi possible. C'est un pays où l'on vous donne l'opportunité.
Qu'avez-vous appris là-bas ?
S.A. : C'est la France en dix fois plus dur. Déjà l'anglais n'est pas votre langue natale et vous êtes face à des gens qui paient pour rigoler. Si vous n'êtes pas drôle, ils vous le font sentir tout de suite. J'ai gardé ce que j'avais en français qui pouvait être compris par les Américains, sachant qu'ils nous ont laissés dans les années 50. Ils viennent tout juste de nous sauver de la Deuxième Guerre mondiale ! Il fallait créer des connections culturelles. Alors je leur parlais de la Louisiane, de Napoléon, de Lafayette, de tous les clichés sur "Voulez-vous coucher avec moi ce soir"... Ils s'intéressaient à mon parcours dans l'équipe de basket de UConn et mon accent leur faisait tendre l'oreille, juste ça c'était une victoire. Ici on dit qu'il y a beaucoup d'humoristes, mais là-bas ils le sont tous. Après, sur la technique et la rythmique, j'ai vu des gars qui étaient des tueurs. A partir de fin 2006, je faisais des allers-retours Paris-New York. J'alternais entre les comedy clubs et mon spectacle au Gymnase. Deux ou trois mois de pratique là-bas équivalaient à un an en France. Leur liberté d'expression m'a beaucoup apporté sur le plan créatif.
Cette touche américaine est-elle le secret de votre succès ?
S.A. : Non. Ça en fait partie mais c'est une somme de beaucoup de choses : l'environnement familial, les décisions que l'on prend à certains moments de la vie, ce qu'on fait sur scène, ce dont on parle et sous quel angle de vue. La différence entre tel ou tel humoriste se fait là. C'est comme dans le sport : il y a des gens talentueux, d'autres talentueux et bosseurs. Les bosseurs s'en sortent toujours mieux, je l'ai appris aux Etats-Unis, l'importance du stage time, le temps passé sur scène.
Comment travaillez-vous vos textes ? "A la table" ou surtout en situation, sur scène ?
S.A. : J'ai connu des périodes de "fonctionnariat scénique" : c'est à dire que vous montez sur scène sans rien tenter vraiment. Mais c'est lorsqu'on prend des risques qu'on s'amuse le plus. On fait un peu un métier "d'escroquerie" dans le sens où on donne au public l'illusion d'une spontanéité dans l'humour alors que c'est à 95% de l'écriture. Après, certains sont plus ou moins bons en impro. Et même dans les impros, les mecs ont des tiroirs.
LA MINUTE 3×3 : trois questions pour des réponses en trois mots !
Vos trois basketteurs favoris ?
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Les particularités américaines que vous adorez ?
L'enthousiasme de mytho / l'engouement pour le sport / le gigantisme
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Le fameux RMB... [Rire, manger et... boire ?]
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