Ticketac en parle
Auteuil et Berry réunis sur les planches ! Le Théâtre de Paris a fait fort en nous offrant le duo le plus réjouissant de cette saison. Si Richard Berry nous a habitués depuis 5 ans à occuper le paysage théâtral, Daniel Auteuil ne s'était pas montré sur une scène depuis son succés à l'Odéon dans L'Ecole des femmes en 2008. Dans la pièce d'Eric Assous, Nos Femmes, ils sont Max et Paul, potes de toujours confrontés au geste tragique et irrémédiable de leur ami Simon : le meurtre de sa compagne. Comment réagit-on face à de telles circonstances? Jusqu'où peut aller l'amitié? Les trois hommes ont une nuit pour révéler leur nature profonde.
La perspective de passer une soirée au Théâtre de Paris est déjà en soi particulièrement enthousiasmante : une salle splendide style Second Empire dans un quartier regorgeant de restaurants qui font saliver les papilles. Mais lorsque le rideau se lève sur deux mastodontes du cinéma français, la joie qui vous envahit confirme que ce fameux jour où vous avez cliqué sur "réserver", vous étiez doué d'une brillante intuition.
L'appartement, moderne et élégant, tapissé d'une majestueuse bibliothèque de vinyles, laisse deviner un propriétaire de goût pris en flagrant délit de maniaquerie. C'est celui de Max (Richard Berry), séduisant radiologue épris de la musique de Nougaro et fâché avec la vie de couple. Il se tient à la fenêtre, dans l'attente d'apercevoir Simon (Didier Flamand) qu'il a invité à sa petite sauterie entre potes. Paul (Daniel Auteuil), est déjà là depuis longtemps, assis à la table, il manipule avec calme les cartes qui doivent animer leur soirée. Le temps de commenter leurs rapports plus ou moins conflictuels avec leurs femmes respectives, le troisième larron arrive enfin. Agité et alcoolisé, Simon avoue très vite la raison de son état : il vient d'étrangler sa compagne, Estelle. Les deux amis commencent par croire à une blague avant de comprendre la gravité de la situation. Le doute s'immisce. Que faire? Max veut appeler la police alors que Paul, ce rhumatologue conciliant, ne peut se résigner à dénoncer son ami. Après avoir avalé des calmants en quantité, Simon s'écroule et les laisse décider de son sort. La nuit va être longue et riche en révélations.
La trame initiale a beau être tragique, Eric Assous nous entraîne dans une comédie jubilatoire et ponctuée de moments d'émotions intenses. Malgré une amitié ancrée depuis des années, Max, Paul et Simon vont se découvrir des facettes insoupçonnées, matières à des scènes d'anthologie : l'un dévoilera son goût pour NTM alors que tous le croyaient obsédé par les chanteurs morts, l'autre mettra fin à son calme olympien pour déverser sa rancoeur dans une tirade magistrale... Bien d'autres coups d'éclats attendent le spectateurs qui sautera de surprises en surprises avec le plaisir de voir petit à petit se lever les voiles des personnalités.
Dominés par le tableau d'un nu féminin aux contours fuyants qui nous rappelle que la femme est toujours là, même dans l'absence, les trois comédiens de renom utilisent l'étendue de leur talent pour composer ces personnages tiraillés entre le rire et la tragédie. Daniel Auteuil prend un plaisir indéniable à bousculer le placide Paul et à faire sortir ce qui l'anime du plus profond de ses entrailles. Richard Berry fait de Max un homme imparfait et touchant par la fragilité qui se cache derrière son assurance d'esthète et son refus de l'engagement. Didier Flamand apporte une profonde humanité avec son irrémédiable faux pas : attentif, généreux, il n'a pourtant pas échappé à cette pulsion de haine capable de le transformer en meurtrier. Le public, conquis, a su les récompenser d'une standing ovation, mettant ainsi fin à une soirée grandiose comme Paris sait si bien les faire.
Rentrée 2015 : Jean Reno succèdera à Daniel Auteuil !
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