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Avis des spectateurs pour :
LE DEBAT
5
sur 1 notes
5
Il n'y a pas débat, ça vaut le tour !
Les affrontements de la dernière ligne droite pour la course à la présidentielle laissent souvent des souvenirs durables, parsemés de mots bien envoyés et pas toujours bien réceptionnés.
1988 n'a pas échappé à la règle, et a même plutôt servi sur un plateau d'argent une véritable joute verbale entre un roi en fonction, voulant affirmer sa légitimité et ne laissant pas d'autre choix à son adversaire que la place du soumis. Mais face au puissant et cynique Mitterrand, le jeune et espiègle Chirac n'était pas en reste, son impertinence ayant pour vocation de compenser sa moindre expérience et sa plus grande anxiété.
Alors que les deux candidats n'étaient que pauvrement parés d'arguments chiffrés et convaincants (ce qui, disons-le, serait tout bonnement inconcevable aujourd'hui), ils avaient pris possession de l'arène, laissant de côté la reine de l'animation, Michèle Cotta, totalement désemparée et pratiquement muette, avec une méprise qui aurait pu sembler relever du machisme mais qui n'était en réalité pas forcément délibérée, tant le côté passionnel prenait le dessus dans cette guerre de mots, dans ces jeux de maux, savamment déployés par un commandant et son colonel.
Et à voir Jacques Weber et François Morel les incarner, sans chercher à les parodier, l'évidence est encore plus palpable : la politique n'est que théâtre, la fiction en moins.
A l'issue de la représentation, c'est avec plaisir que les comédiens prennent part à une discussion à laquelle se joignent la présentatrice de l'époque, ainsi que Thomas Sotto qui apporte un œil plus neuf sur ce qu'est devenu le journalisme et les grandes entrevues de ce type. Tous s'accordent sur le fait qu'il s'agissait d'une époque dont la page est bel et bien tournée et que l'on regarde avec une quasi-nostalgie : il faut croire que ces gouvernants qui nous énervent deviennent plus attachants une fois qu'ils ont cédé le pouvoir depuis plusieurs décennies… Comme si le tout était de savoir attendre, patiemment, non pas qu'ils règlent les problèmes, mais qu'ils lèvent le camp : quelle ironie, on dirait presque de la politique !
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LD92 - 22/04/2019