LA DERNIERE LECON

Il y a dans ce spectacle grave, qui touche à des questions rarement abordées, une grâce et une délicatesse telles que l'on est touché au plus profond. Nul malaise, nulle complaisance dans cet original moment de théâtre qui met en œuvre des marionnettes, des dessins manipulés en direct, un jeu d'ombres, de lumières, de musiques, de mouvements. Au centre d'un plateau en légère pente, une comédienne racée, souple comme une danseuse, à la voix claire et nuancée, Catherine Rétoré. Ce personnage s'entretient avec les marionnettes qui représentent la mère, celle qui choisit sa mort. La voix de cette femme, off, est celle de Sabine Haudepin, parfaite de précision et d'émotion. Le livre de Noëlle Châtelet, La Dernière Leçon (Seuil, 2003), ici adapté et mis en scène par Gérald Chatelain palpite de l'expérience réelle et douloureuse de l'écrivain. Elle a affronté avec pudeur la décision terrible et noble de sa mère. Elle a tenté, par l'écriture, de mieux la comprendre. Catherine Rétoré, corps et âme dans ce questionnement, rend plus sensible la dignité superbe du dialogue, jusqu'à son humour. <b>Armelle Héliot</b>