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Interview : Alil Vardar prépare son one-man-show
Avec Le Clan des divorcées, 10 ans de mariage, Familles Recomposées et Abracadabrunch, il enchaîne les succès… Alil Vardar, le self-made-man albanais le plus célèbre du théâtre français, nous a accordé un entretien particulier, pour parler de son actualité florissante et évoquer, en avant-première, son futur projet solo. Interview, sans fioriture, d’un auteur-comédien incontournable !
Alil Vardar, merci de nous accorder un petit moment, d’autant que vous avez une activité débordante…
Oui, en ce moment je suis sur scène avec Familles Recomposées et Abracadabrunch (à La Grande Comédie, ndlr) qui a connu un démarrage en trombe. C’est une véritable récréation pour moi et un réconfort incroyable : 5000 spectateurs par semaine… L’équivalent d’un Zénith ! Sur les planches, j’ai 15 ans, je m’amuse. Parfois, j’ai même un peu honte, je me dis que je devrais aller au guichet payer tellement je prends mon pied.
En parallèle vous travaillez sur un nouveau projet, vous pouvez nous mettre dans la confidence ?
En effet, ce sera mon premier one-man-show. On écrit un truc à deux, avec mon acolyte Thomas Gaudin, un travail d’orfèvre, ça fait un moment qu’on est dessus. Il y aura une alternance de stand-up, de comédie et de sketchs. La différence avec mes 4 pièces de théâtre, c’est que le public aura rendez-vous avec moi et pas avec un de mes personnages... Alors, bien sûr, je reste avant tout un acteur, donc je vais forcément jouer différents rôles mais je ne vais pas me cacher derrière, ils vont servir le texte. Je serai seul sur scène. Dans un one-man-show, tu es obligé de te dévoiler un peu, tu es à moitié à poil ! C’est d’ailleurs le premier spectacle où il n’y aura pas de fille à mes côtés (sourire...).
Vous êtes lassé des comédies qui parlent des rapports hommes-femmes ?
Non, vous savez que les histoires de couple datent d’Adam et Eve ! 90% des gens ont un souci avec leur mec ou leur copine, ils ont tous un problème de cul ou de cœur. Notre dénominateur commun c’est l’amour, la séduction, c’est ce qui nous unit. J’écris sur les relations amoureuses et ça touche les gens parce que c’est leur histoire que j’exprime à travers mes expériences. Sur scène, je raconte leur vie, pas la mienne. Si je ne parlais que de moi, les gens quitteraient la salle.
Dans ce spectacle on en apprendra quand même un peu plus sur vous ?
Je ne suis pas certain que cela intéresse vraiment le public mais il y a un sketch qui s’appelle « j’ai oublié de me présenter », dans lequel je vais raconter qui je suis, mes origines, l’Albanie… Mais c’est très futile. Ce que je veux faire c’est un divertissement, drôle, intelligent, touchant. Bien sûr, je parlerai aussi des femmes, j’ai été « élu » et aimé pour ça. Si pendant 1h30 je débats sur la carrosserie des voitures, les gens vont penser qu’il manque un truc ! A la fin de mon spectacle je veux qu’ils se disent « on a retrouvé l’esprit Vardar ».
Vous vous mettez en difficulté avec ce one-man-show ?
Dans cette histoire on a un avantage et un inconvénient énorme : il y a une certaine attente du public. Quand tu n’es personne, c’est plus facile, tu n’as rien à perdre. En me produisant seul sur scène j’ai comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Le soir des premières représentations, tu ne peux pas dire aux spectateurs « je serai bon dans 15 jours »… C’est pour ça qu’on fait preuve de prudence pour écrire, on se prend la tête, on discute.
Vous avez un public fidèle, aujourd’hui vous écrivez plus pour lui ou pour vous ?
Très honnêtement, j’ai toujours écrit pour lui, c’est presque schizophrénique. Quand tu es un artiste, quand tu joues, tu te mets au service des gens qui viennent te voir. Je pars de l’idée que je dois donner aux spectateurs ce qu’ils attendent de moi. S’ils s’assoient dans un théâtre, c’est pour oublier, l’espace de 90 minutes, qu’ils ont une facture à payer, qu’un proche est en dépression etc. Mon rôle est de divertir.
C’est donc ça, la recette de votre succès ?
Je pense surtout que je suis un grand angoissé et là où certains se posent une question, moi je m’en pose 10. Sur l’écriture du one-man-show, par exemple, il y a pas mal de mecs qui, au bout de 4 mois, auraient dit « c’est bon, on a le texte, on y va ». Nous, on relit chaque phrase, on pense à chaque virgule.
Encore des choses à prouver ?
Dans ce métier, chaque fois que tu fais une nouvelle création, tu remets ton titre en jeu. En Avignon, pour Familles Recomposées, la pièce cartonnait, on jouait à guichets fermés, puis je suis arrivé à Paris et là, au début, la salle se vidait pendant que je jouais, les gens m’insultaient sur Internet. Quand tu es un artiste, rien n’est acquis. C’est d’ailleurs pourquoi je mets autant de temps à bosser sur mon premier one-man-show, je sais que le succès est une savonnette.
Vous avez d’autres passions que la scène ?
Pour l’instant je suis vraiment en hyperactivité, je joue tous les soirs, du mardi au dimanche et 4 fois le samedi… Mais j’aimerais faire le tour du monde en avion privé, parce que je pilote, c’est ma passion. Je veux tout visiter, tous les endroits de la Terre, connaître l’Afrique par cœur, l’Asie, rencontrer des gens ! Puis quand on est dans les airs, on prend de la distance, on voit la vie autrement.
Quel magnifique projet !
Je suis un fils d’immigré albanais, on a grandi avec 500 euros par mois, pour 15 personnes, pendant 15 ans. J’ai été habillé par EMMAUS jusqu’à mes 17 ans, le luxe n’est absolument pas dans mes codes mais j’ai le pilotage et le voyage dans l’âme.
Quand pourrons-nous découvrir votre one-man-show ?
On attaque les représentations au Maroc en avril et je pense le démarrer en France cet été. Je suis arrivé à un moment de ma carrière où je veux vraiment faire ce one-man, ça m’excite énormément ! Ça fait 11 ans que je remplis des salles avec mes pièces alors c’est bien aussi que je prenne des risques…